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Sylvie Pécot (1957-2004), Sylvie Pécot-Douatte pour son nom de musicienne, a commencé dès 6 ans des études de piano avec un professeur qui, progressivement, et sans contrainte, sut lui faire ressentir toutes les émotions que peut apporter la musique. Elle l’amena en quelques années à un bon niveau qui lui permit d’être admise directement au Conservatoire de Musique de Maisons-Alfort dans la classe de Bruno Rigutto (plus tard professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris). Outre la maîtrise pianistique, il lui donna le goût de la recherche profonde de l’interprétation. Ses cours étaient tous les ans complétés par un stage de plusieurs semaines pendant l’été à l’Académie de musique d’Albi (dirigée par Jean-Pierre Wallez) où les jeunes musiciens avaient non seulement la possibilité de se perfectionner dans la pratique de leur instrument mais aussi de suivre des cours dans d’autres disciplines instrumentales, tous donnés par des musiciens éminents. C’est à Albi qu’à l’occasion d’un concert de musique ancienne elle découvre le rôle prépondérant du clavecin au sein de la formation orchestrale et décide de se consacrer à l’étude de cet instrument, délaissant peu à peu le piano, qui lui apparaît alors trop solitaire. Jean-Patrice Brosse qui enseignait à Albi, fut son premier professeur de clavecin. Elle travailla ensuite avec Françoise Lengellé et participa à plusieurs stages de clavecin donnés par Kenneth Gilbert. Admise au concours d’entrée, elle entre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris et travaille pendant plusieurs années avec Robert Veyron-Lacroix pour le clavecin et Laurence Boulay pour la basse continue, dont elle obtient les Prix. Elle bénéficie, en outre des conseils de grands concertistes comme Ton Koopman et Huguette Dreyfus Parallèlement à ses études instrumentales, elle entreprend des études de musicologie à l’Université de Paris-Sorbonne. Après l’obtention de sa licence de musicologie, elle est admise sur concours à l’enseignement de la musique dans les écoles de la Ville de Paris et devient professeur de musique, clavecin et piano dans des conservatoires tels ceux du Pecq et de Compiègne. |
Tout en se consacrant à la musique de chambre, elle entreprend une carrière de soliste (claveciniste et pianofortiste). Elle donne de nombreux recitals dans différentes églises de Paris, Saint- Julien le Pauvre (dans le cadre de l’Association Clé de fa créée par Richard Douat), La Sainte Chapelle, La Madeleine, Saint Germain des Prés, l’église réformée des Billettes, ou d’autres lieux comme la Conciergerie. Elle se produit parallèlement dans de nombreux orchestres de chambre. Elle fonde tout d’abord avec des musiciens du CNSM de Paris l’Ensemble Serenata puis, crée avec le chef d’orchestre Roland Douatte, spécialiste international de la musique baroque, « La Philharmonie de Chambre » . Cet orchestre donna de nombreux concerts à Paris, notamment à Saint Julien le Pauvre et à Saint Louis en l’Ile, au cours desquels elle joua de nombreuses fois en soliste, notamment les concertos en ré mineur et en fa mineur de Jean Sébastien Bach ainsi que le 5ème Brandebourgeois. Attirée par le travail d’équipe que procure l’exercice de la basse continue, elle fait partie de nombreuses autres formations orchestrales comme l’Ensemble orchestral Stringendo (direction Jean Thorel) ou Les Solistes baroques, Elle fut sollicitée pour faire partie de l’orchestre « Les Archets de Paris » (créé par Philippe Nadal), composé en majorité de musiciens de l’Opéra, et spécialisé dans le répertoire baroque. De nombreux concerts furent donnés par cette formation orchestrale à la Sainte Chapelle.
Dans le cadre de l’opération « Monuments historiques », organisée par la Ville de Paris pendant deux étés consécutifs à la Conciergerie, où la Reine Marie-Antoinette fut internée les jours précédant son exécution, elle joua de la musique de la fin du 18ème siècle. Elle s’attacha, pour se renouveler, à rechercher à la Bibliothèque Nationale des œuvres oubliées de ce siècle et à les faire revivre. C’est dans ce lieu chargé d’histoire, où furent internées de nombreuses personnes pendant la Terreur avant d’être conduites à l’échafaud, qu’elle découvrit qu’un compositeur alsacien, Jean-Frédéric Edelmann, jusqu’alors oublié, avait séjourné, lui aussi, dans ce lieu sinistre avant d’être guillotiné.
Elle se décida à rechercher à Paris et à Strasbourg, dans les archives nationales et régionales, ainsi qu‘auprès d‘historiens de Strasbourg (M.Betzinger, Mme Georger-Vogt…), le parcours musical de ce compositeur ainsi que les événements de sa vie l’ayant conduit à la guillotine (biographie qu’elle publia chez l’Harmattan en 2001). Elle s’attacha aussi à jouer et à faire redécouvrir l’œuvre de ce compositeur à l’origine de la promotion du pianoforte en France, œuvre qui fut considérée comme novatrice (et qualifiée de pré romantique plus tard) par les mélomanes et les musiciens de son époque. Sa musique fut particulièrement appréciée par Mozart. Sylvie Pécot-Douatte, enregistra en 1ères mondiales sur 3 CD (chez Calliope) les sonates de ce compositeur, interprétées sur clavecin; piano-forte et piano de la fin du 18ème siècle.
D’autres musiciens de la fin du 18ème siècle oubliés par l’histoire furent découverts par le public dans des concerts qu’elle donna en soliste ou au sein de formations orchestrales. Ce fut le cas d’Hélène de Montgeroult ainsi que de Jean-François Tapray dont elle présenta en récital les 7 sonates pour pianoforte et qu’elle enregistra en 1ère mondiale sur CD (Calliope, CAL 9288). Ce fut le cas aussi du Chevalier de Saint George qu’Alain Guédé avait fait revivre peu avant dans son livre « Monsieur de Saint George », et dont elle créa avec Ruggero Capranico la Sonate pour clavecin avec violon au Salon de la Musique en 2000. D’autres œuvres de ce compositeur dont les romances et sonates pour violon et clavecin, furent présentées avec Anne-Claude Villars, violon, et Lucienne Deval, soprano, au cours de plusieurs concerts. Elle participa, en outre, aux concerts organisés pour l’inauguration par le maire de Paris de la rue du Chevalier de Saint George.
Recherchant l’originalité d’une formation et d’un répertoire, elle fonda avec deux mandolinistes, Christian Schneider et Danièle Meyer, un trio mandolines-clavecin qui fit découvrir, outre la musique que Beethoven écrivit pour le clavecin, des œuvres de compositeurs napolitains de la fin du 18ème siècle. Ce trio s’est produit à la radio de la Suisse romande et a participé à l’émission « Musicales » d’Alain Duault en 1987 qui choisit ce trio pour illustrer l'originalité et la qualité du Salon de la musique ancienne, Musicora. Ce trio se produisit à la Chapelle des Petites Dalles en 1986 dans le village des Petites Dalles en Normancie, village où Sylvie passait régulièrement ses vacances.
Parallèlement à l’étude privilégiée de la musique du 18ème siècle, elle aborda l’étude d’œuvres de compositeurs modernes, notamment avec l’Ensemble Orchestral Stringendo, l’œuvre de Manuel de Falla dont elle joua le concerto pour clavecin et cinq instruments.
Dans les années 2000, une collaboration continue et riche en réussite s’établit avec Jean-Pierre Menuge dans le cadre des Heures Musicales de la Vallée de la Bresle en Normandie qui fait l’objet du texte rédigé par Jean-Pierre Menuge, accessible en page « Témoignages ».