Télérama du 9 septembre 1998 (critique de Xavier Lacavalerie) :
CD Calliope CAL 9237 - Enreg. 1998, au Théâtre impérial de Compiègne - 73 mn.
Jean-Frédéric Edelmann (Sept Sonates pour clavecin op. 1 et 2)
Sylvie Pécot-Douatte a décidé de réhabiliter Jean-Frédéric Edelmann (1749-1794),
musicien strasbourgeois du siècle des Lumières, victime
de la Révolution française, à laquelle il prit pourtant part en jacobin sincère.
Non contente d'interpréter sa musique, elle a également rédigé le texte de
présentation du CD, histoire de mieux faire
connaître ce personnage paradoxal qui croyait au progrès
pour le peuple tout en sachant faire la révérence dans
les salons ; et qui vous troussait la sonate avec la verve
solaire d'un Scarlatti et l'invention jubilatoire d'un héritier
de Couperin.
Sylvie Pécot-Douatte s'inscrit dans la grande lignée des
clavecinistes français qui ont toujours aimé l'aventure et
l'exploration des terres vierges. Cette ancienne élève de
Robert Veyron-Lacroix et de Laurence Boulay respire l'ordre,
l'élégance et le bon goût. Pas de mignardises dans son
jeu, pas de fadaises sucrées : l'ornement est sobre ; la
phrase, aristocratique et déliée ; l'articulation, claire ; les
dynamiques, bien pensées. L'œuvre de Jean-Frédéric Edelmann,
proposée en première mondiale, devient ainsi vraiment
séduisante avec sa fluidité heureuse, ses effusions
un peu mystérieuses et ses envolées majestueuses...
Un disque plein de charme, au sens particulier qu'avait ce
mot au XVIIIe : celui de sortilège.
Diapason de mai 1999 (critique de Adélaïde de Place) :
Jean-Frédéric Edelmann (Sonates op.5 et 7).
Sylvie Pécot-Douatte (pianoforte)
Calliope CAL 9236, distribution Harmonia Mundi enreg. 1998. 63 mn.
note technique : 7,5 - Enregistrement bien défini. Assez bon relief.
Sylvie Pécot-Douatte se passionne pour la vie et pour l'œuvre
de Edelmann. On la comprend, car ce musicien qui mourut sous la
guillotine, dix jours seulement avant la chute de Robespierre,
demeure l'un des fleurons de la première école française de piano,
dans laquelle il reste encore tant à découvrir. Edelmann est un
compositeur d'une étonnante modernité : l'énergie et la grâce
préromantiques de sa musique sont surprenantes, si l'on songe que son
Opus 5 parut à Paris en 1777. Son intérêt déborde le cadre rigoureux
de la musicologie, au sens strictement didactique du terme.
Chez le
même éditeur, Sylvie Pécot-Douatte avait déjà consacré un disque à
sept de ses sonates, mais au clavecin ; il n'en apparaît que plus
évident qu'elles sonnent mieux au pianoforte.
Le jeu de Sylvie
Pécot-Douatte est sobre, sans affectation.Elle sait chanter et nuancer le
timbre de son instrument, copie de trois Stein sortie des ateliers de
Marc Ducornet, encore qu'en certains moments, on puisse regretter
quelques hésitations dans des passages délicats, flottements que l'on
mettra volontiers sur le compte de la fragilité du mécanisme des
pianofortes de cette époque, souvent bien difficiles à jouer avec
homogénéité. Mais on sent sous ses doigts une telle passion pour cette
musique bien oubliée !
Un petit rectificatif avant de conclure : ce
n'est pas Mme du Deffand, mais Voltaire qui traita le pianoforte
d'« instrument de chaudronnier ». L'anecdote est bien connue.
Le Monde de la Musique, juin 2002 (critique de J. R.) :
A la recherche d'Edelmann,le musicien guillotiné,
de Sylvie Pécot-Douatte.
L'Harmattan. 220 p., 18,30 €.
RÉCIT D'UNE ENQUÊTE
Claveciniste et compositeur, Jean-Frédéric Edelmann,
né à Strasbourg en 1749, fut guillotiné à Paris en 1794 avoir adhéré à la
cause des Jacobins. Qui était-il ? Avait-il une véritable personnalité musicale ?
Fut-il l'auteur de la musique de La Marseillaise ?
Pourquoi, malgré le succès de son Ariane à l'îIe de Naxos, son
second opéra, Vénus et Adonis, fut-il refusé ? Autant de questions
auxquelles Sylvie Pécot-Douatte, claveciniste et musicologue,
répond en s'appuyant sur une documentation des plus sérieuses.
Mais son livre n'est pas seulement une biographie, c'est d'abord le
récit de la recherche conduite par l'auteur. Peu à peu, à la lecture des
dossiers, la vérité se dévoile. Les méthodes du roman policier
s'y trouvent appliquées d'une manière inattendue. Le charme de
la lecture captive quiconque ouvre cet ouvrage pour lequel on se
passionnerait moins si sa biographe n'avait eu l'idée de nous faire
participer à ses recherches. J. R.